Chapitre 2
La guerre entre cadrieux et Pouvoir a gorgé la terre de sang. Le Gouverneur Miron charge l’Angare, messager à la neutralité légendaire, d’une proposition de paix. Bouba, patriarche des cadrieux, veut saisir cette main tendue. Mais Aurèle, éminence grise du Pouvoir, et Derti, chef cadrieux, n’ont pas la même volonté. La vengeance des uns et les morts des autres empêcheront-ils d’autres catastrophes ? Un espoir infime de paix suffit-il à tout oublier du passé ?
Publiée aux Editions Théâtrales
Extrait
Partie 1, scène 3
Miron – Je rêve. Je ne vais pas sur les Lignes, jamais. Je ne vais pas voir nos CAPP sur les Lignes. Je n’ai jamais vu un champs de gourdes, ni un combat. Je ne connais le bruit des fusils que de loin. Le sang qui coule d’un impact de balle, jamais vu, les corps en morceaux, jamais. Je ne sais rien de ma guerre, Karo. Pourtant la nuit, je rêve. Chaque nuit, chaque soldat mort dans ma guerre vient me rendre visite. Chaque nuit, ils sont de plus en plus nombreux. Chaque nuit, ils se rapprochent de moi. Je vois leurs uniformes en morceaux, les traces de boue et de sang sur leurs chaussures, les lames rouillées de leurs couteaux, les croûtes de leurs blessures séchées par la mort. Ils se rapprochent et de leurs yeux coulent les cendres noires qui ont recouvert la terre le jour du Grand Mouvement. La cendre qui empoisonne. Une nuit elle me recouvrira complètement. Vous pouvez m’aider ?
Karo – Je n’ai aucun pouvoir sur les rêves.
Miron – Moi je suis sensé les avoir tous. Chut… écoutez… Vous entendez ?
Karo – Quoi ?
Miron – Ecoutez, Karo.