Théâtre du Pélican, nouvelles mythologies de la jeunesse

Allez hop à  Ambert d’abord puis à Riom pour deux fois une semaine de résidence et d’atelier d’écriture avec des classes sur le thème proposé par le Théâtre du Pélican « les nouvelles mythologies de la jeunesse ». Pour moi, ça sera la victime expiatoire avec en toile de fond une idée fixe, « le slut-shaming » où des adolescents font le procès d’une de leur camarade aux supposées moeurs légères.

La première semaine a eu lieu à Ambert avec 15 collégiens et 15 lycéens en octobre dernier, cette semaine c’est à Riom que ça se passe avec une douzaine de secondes volontaires et motivés. L’idée est de faire écrire sans forcément de but, sans forcément de texte à finir, de pièce à achever. Faire écrire donc, ces élèves sur un thème imposé : la victime.

Mais surtout ne pas recommencer le même atelier, jamais. Proposer de nouveaux exercices, une nouvelle trame, des séances différentes pour ne pas risquer de se perdre dans des répétitions qui tourneront en rond.

A Ambert, on alternait par demi-groupes des séances de recherches au CDI et des séances d’écriture qui prenaient leurs inspirations dans les grands textes des autres parfois ou dans les grandes envolées des élèves. A Riom, on resserre, on épure, on cherche à trouver la bonne réplique, celle qui fait avancer dans des pages et des pages de mots qui s’alignent sans toujours se répondre.

J’affine aussi de mon côté mes techniques d’atelier. J’essaye des choses qui ne fonctionnent pas toujours, j’essaye de les faire parler sans trop donner mon avis. Et c’est ça le plus dur. Se rendre compte qu’une fois que l’avis de l’Auteur est lâché dans l’air, il a du mal à s’évaporer.

Dur aussi de ne pas être dans le « j’aime/j’aime moins » Parce que oui, il y a des textes qu’on trouve beaux tout simplement et d’autres qu’on trouve plus faibles, maniérés, précieux et pourtant ils ont quand même l’intérêt d’avoir été écrits par ceux qui pensaient ne pas en être capable.  Et cette préciosité-là n’a rien de problématique.

Et puis je me souviens de moi à leur âge, malhabile dans une écriture tellement chargée. Oui, on pense souvent qu’adverbes et propositions conjonctives sont la clé du succès alors qu’avec l’âge et les milliers de pages écrites, on se rend compte que l’épure, la merveilleuse épure a la force qu’on recherche et qu’elle si difficile à atteindre.

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24/01/12 : monologues de blog

Compilation et mise au présent (mais pas tout) des textes écrits lors de l’atelier du 17/01/12 pour commencer à faire entendre un peu de théâtre ! 

Tiro, dans sa chambre, près de la fenêtre
Je vois des ondulations dans mon café, puis la tasse tombe et se casse. Surpris je vais à la fenêtre le sol tremble sous mes pieds. Je regarde par la fenêtre, je vois les bâtiments qui s’écroulent, les gens crient, paniqués, les voitures en feu, elles se renversent, l’odeur du cramé vient se répandre dans mon nez.
Vu des gangs, des armes, des explosions, des voitures, des bâtiments effondrés, la nuit illuminée par les tir des armes à feu, un Hummer enflammé, un braquage de Brink et de Banque ;
Entendu des insultes des Gangs, le bruit des explosions, des douilles des armes, des flammes qui embrasent des bâtiments et des voitures, des crissements de pneus ;
Senti la poudre des coups de feu, l’odeur de l’essence qui brûle, la poussière de plâtre, des cendres.
Est-ce que c’est un morceau d’armoire ? de lit ? je ne sais pas, sais rien. J’entends des cris près de moi. Est-ce mes rats qui m’appellent.

 

Miuw

J’ai entendu du bruit pendant mon film je suis allée regarder dehors je vois une immense fissure dans le béton qui enfermait le sol qui voulait respirer. Je relève ma tête, je sens une mauvaise chaleur sur ma joue gauche et justement à ma gauche la gazinière vient d’exploser. Un trou dans le mur, j’étais troublé, j’avais chaud, je transpirais, j’étouffais.


Grave

C’était un jour comme tous les jours.
Quand les souvenirs refont surface… tous ces souvenirs, la peur, l’incompréhension, la tristesse, le doute…  Je faisais les boutiques. Tranquillement avec mes copines, un après-midi super cool. Quand le sol s’est mis à trembler. Un peu. Tout le monde s’est arrêté de marcher. Quelques secondes après, tout s’est remis à trembler plus fort et plus longtemps. Les escaliers s’effondrent, la terre se sépare, j’entends les cris de peur, je sens des odeurs de brûlé, les gens s’accrochent les uns aux autres. Mon cœur bat à 100 à l’heure. J’ai les mains moites et des frissons partout dans mon corps.

 

Dula

J’étais dans ma chambre en train de faire mes devoirs quand mon verre de coca est tombé. J’ai eu le seum.  Je me tourne vers la télé, j’vois les images se brouiller. Bizarre. La fenêtre s’est ouverte toute seule et j’ai senti le vent frais. J’ai voulu la fermer mais j’ai vu mon voisin d’en face et l’arbre à côté de chez moi tomber sur lui. Y a un arbre au sol après 2 puis 3. J’ai tchi compris, y a tout qui s’éteint et qui s’rallume, y a tout qui tombe par terre.  J’ai vu ma lampe tomber, mon écran tomber, le pop-corn s’éclater sur le sol, le cadre de ma photo par terre brisé, les livres qui tremblent, le dico qui tombe, les meubles de ma chambre se casser, les immeubles en face de chez moi s’écrouler. J’entends les voisins crier à l’aide les « putain c’est quoi ce bordel ! » j’entends les cris de peur et de détresse de ceux d’en face.  J’me co sur Twitter, j’commence à twitter tout c’qui s’passe.  Puis soudain, le vide, le néant absolu. Puis je me suis réveillée ensevelie sous les décombres, j’ai vu des corps démembrés, des voitures incendiées. J’ai senti une odeur de brûlé, une odeur de cadavre qui m’envahissait le larynx. J’ai mal au ventre, à la tête et aux jambes. Je sens le sang dans ma bouche, je me noie dedans littéralement. Les secours m’extirpent des décombres dans les minutes qui suivent. J’entends des cris, des pleurs, des sirènes, les voitures qui explosent et les immeubles qui s’écroulent. J’ai compris qu’il y a eu une catastrophe. J’ai eu peur très peur, je suis seule avec ma sœur, elle a aussi très peur. J’ai appelé Léon qui était au travail pour lui dire de rentrer. Le réseau s’est coupé. J’ai prié, j’ai pensé très fort à ma famille et pour la première fois je m’en suis voulue d’être partie de chez mes parents. Je voudrais les revoir pour la dernière fois.

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3ème atelier : Personnages et Blog

Lors de la 3ème séance, le programme est le suivant : se mettre tous d’accord sur l’histoire des personnages et s’attaquer au 1er article du blog d’un des personnages. Récit !

On avait donc à notre disposition plusieurs portraits pour chacun de nos personnages. Comment allions-nous choisir ? Pas trop le choix, il faut en faire un. On refait des groupes et chacun se voit attribuer le destin d’un de nos héros. A chaque groupe d’arrêter la description du profil Facebook, les centres d’intérêt et les tweets pour chacun. Une consigne cependant, si tu barres quelque chose, tu ajoutes autre chose, histoire d’obliger à faire la part de l’écrit ! Voilà c’est fait, on a bien 6 fiches de personnages presque complètes.

Pour la 2ème heure, on complique un peu. Il est temps d’essayer d’écrire un peu plus. D’imaginer ce qu’un de ces héros raconteraient a posteriori du tremblement de terre qu’il a vécu. Donner la parole en s’inspirant du 1er texte de la pièce que j’écris en parallèle. La consigne est assez simple, on part sur les sens : voir, entendre, sentir, si le coeur vous en dit goûter et toucher. Et on déroule sans trop réfléchir, ce qui vient, ce qui part, ce qui fait résonner les mots, ce qui sonne faux. On écrit tout ce qu’on peut. Il sera temps ensuite de rayer.

J’ai récupéré les textes. Je suis partie avec.

Pas de séance le 24 janvier alors de mon côté, j’ai travaillé. Comme plusieurs groupes ont fait parler les mêmes personnages, j’ai fait des essais de compilation. Une toute petite repasse au présent pour donner le théâtre (on adore le passé simple quand on est collégien !), quelques fautes corrigées mais pas toutes.

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